Je me dirigeais vers les appartements de ‘Sa Majesté’ des Démons. Un sourire cruel se dessina sur mon « visage ». Les autres me scrutaient d’un air effrayé et je m’en réjouissais. Depuis le temps que je ne pouvais plus le supporter, j’avais bien l’intension de le lui faire payer… Payer quoi me direz-vous ? Son ingratitude envers moi… ce mépris…
Mes pas martelaient le sol, celui-ci tremblant ‘d’effroi’, et le maître devait certainement m’entendre… Tant mieux… Il avait bien le droit de se préparer pour sa dernière heure…
J’arrivai devant la lourde porte qui nous séparait. J’envoyai les gardes dire bonjour au mur d’en face, et pénétrai dans la salle du trône. Se trouvait là le Démon que j’attendais : j’eu un large sourire, révélant une splendide dentition de crocs. Ca un maître des Démons ? J’en avais la nausée rien qu’en y pensant… Il ne faisait presque pas peur, et n’arrivait même pas à ma cheville.
Je fonçai vers lui, m’apprêtant à lui assener un coup de poing fatal. Mais il avait prévu mon coup et m’agrippa le poignet en un instant. C’est qu’il était fort sous ses airs amorphes et anodins. Je poussai un cri de rage, il me répondit par un même son tout aussi fort. Je me dégageai de sa prise, et lui envoyai un coup dans le ventre. Cela le fit tanguer, mais il se repris rapidement et me saisit d’une main à la gorge et commença à la serrer tel un véritable étau. Je m’interdisais de suffoquer et lui crachai dessus d’une bave acide et écœurante, afin qu’il me relâche. Il porta sa main à sa tête ; malheureusement cela ne lui avait causé que des brûlures superficielles. Je me rendais compte qu’il n’avait pas été nommé chef des Démons pour rien.
« C’est dommage Scylla, que tu te retournes contre moi. J’étais prêt à t’offrir une belle promotion. » Me confia-t-il.
Ces paroles me firent rire intérieurement. En général un supérieur disait cela quand il sentait que sa fin était proche.
Je courai vers lui alors que lui se mettait en position de défense. Il bloqua mon attaque. Nous nous trouvions les mains saisies par l’autre et tête contre tête. Je le regardai droit dans ses yeux, cherchant une moindre once de peur dans son regard qui me ferait trembler de joie.
C’était une véritable épreuve de force, chacun poussant l’autre combattant vers l’un des murs de la pièce. Le petit jeu dura encore un moment, où personne n’arrivait à prendre le dessus. Puis je le sentis se relâcher pendant quelques secondes. Je saisis l’occasion et le traîna contre le mur. Alors que je m’apprêtais à l’achever sur place, une chose pointue m’atteignit au ventre et m’envoya quelques mètre plus loin. Je ne me relevai pas tout de suite, essoufflée et quelque peu sonnée. Il avait réussi à m’avoir. Une fois sur pieds, je portai ma main sur la blessure alors que lui me regardait, reprenant aussi son souffle. Je regardais le sang qui s’écoulait, c’était une plaie assez profonde. Mais ce n’était pas ça qui allait me faire abandonner le combat. Je portai ma ‘main’ à ma gueule et me mis à lécher le liquide poisseux et à la saveur métallique. Ce que c’était bon, pour moi il représentait un goût de victoire. Oui, j’allais tout miser sur le prochain coup, sinon je craignais de ne plus tenir très longtemps. Et puis la régénération de ma blessure me coûterait trop d’énergie.
Cette fois-ci, je me rapprochai lentement, alors que lui se redressait, sur ses gardes.
« Te rends-tu enfin compte que ton comportement envers ton seigneur est déraisonnable ? »
- Oh mais je n’ai jamais été obéissante. Je me fie à mes envies et à mon instinct. » Lui répondis-je.
J’étais à deux pas de lui. Je lui fis un sourire machiavélique, il me regarda étonné.
« Vous êtes trop confiant ô Majesté. » Le dernier mot avait été prononcé sur ton dégoulinant d’ironie.
Et avant qu’il ne puisse réagir, je traversai son abdomen de mes griffes acérées. Il ouvrit la bouche de stupeur, les yeux écarquillés, tandis que moi je lui susurrai à son oreille :
« Que vous êtes faible, vous faire tuer aussi facilement… Vous vous êtes rouillé Mon Roi. »
Cette torture mentale me faisait jubiler sur place alors que lui glissait lentement vers le sol. Je finis par retirer ma main d’un mouvement brusque, faisant jaillir une forte quantité de sang qui m’éclaboussa.
Alors que je savourais sa défaite, un démon vint me voir. Je tournai la tête vers lui et le vit regarder le cadavre à mes pieds avec crainte.
« Igor, va prévenir les autres Démons de l’arrivée sur le trône du nouveau souverain. » Lui ordonnai-je.
Lorsqu’il se précipita hors de la salle, je me mis à éclater d’un rire tonitruant, montrant toute ma fierté. Et le sang continuait sa route sur le sol dallé, créant un cercle de plus en plus grand autour du corps à présent froid et sans vie.